Le Coup de Sang de Patrice Bessac

le 15.09.2021

Pour la gratuité des protections menstruelles pour toutes.

Le 23 février dernier, le Gouvernement a annoncé la gratuité des protections périodiques pour toutes les étudiantes en promettant l’installation de distributeurs dans les résidences des CROUS et dans les services de santé universitaires. Cette avancée est salutaire mais la lutte contre la précarité menstruelle doit être beaucoup plus ambitieuse et plus inclusive.

La proposition du Gouvernement concerne exclusivement les étudiantes et ne tient donc pas compte des 15 millions de Françaises en âge d’avoir leurs règles. Pourtant, parmi ces femmes, près de 1,7 million sont touchées par la précarité menstruelle, un phénomène qui frappe par ailleurs près d’une femme sur dix dans le monde.

Pourtant, l’enjeu de la lutte contre la précarité menstruelle fait partie intégrante de la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes tant d’un point de vue sanitaire et économique que social. Au cours de sa vie, une femme dépense au minimum 3800 € en protections hygiéniques, sans compter les visites médicales et autres médicaments antidouleurs ou antispasmodiques nécessaires.

À l’instar du modèle écossais, qui a permis le libre accès aux produits d’hygiène menstruelle dans les établissements scolaires, les bâtiments publics ainsi que sur les lieux de travail, nous demandons la généralisation de la mise à disposition de protections hygiéniques dans ces lieux.

Les dispositifs de lutte contre la précarité menstruelle ne peut reposer uniquement sur les initiatives locales, départementales ou régionales – à travers la distribution dans les services publics communaux, les collèges et lycées – ainsi que sur le travail mené par les associations.

Il est donc urgent de généraliser ce dispositif à tous les lieux accueillant des personnes susceptibles d’être en situation de précarité menstruelle : les établissements scolaires, les hébergements d’urgence et les hôpitaux mais également dans les lieux publics (rues, gares, etc.) ainsi que dans les lieux privés (centres commerciaux, bars et restaurants, etc.). Ce serait à l’image de ce qui se fait déjà pour les préservatifs.

À Montreuil, nous sommes fiers d’être devenus en mars 2021 la première ville d’Île-de-France à installer dans l’espace public des distributeurs de protections hygiéniques, en partenariat avec Marguerite & Cie.

Il est par ailleurs fondamental de responsabiliser les fabricants sur les composants des produits. C’est pourquoi nous avons fait le choix à Montreuil de privilégier des produits biodégradables, en coton biologique.

Pour compléter ce dispositif, le CCAS, en collaboration avec les services de la Ville, a aussi implanté une dizaine de boites à dons de Règles Élémentaires au sein des établissements municipaux afin que les collectes de protections hygiéniques soient également destinées aux associations montreuilloises intervenant au plus près des femmes en situation de précarité.Enfin, la formation au sujet des règles, souvent taboues, à l’hygiène ainsi que l’éducation au bien-être menstruel est un travail de fond que nous souhaitons mener en partenariat avec Règles Élémentaires pour former nos agents et accompagner les personnes concernées, notamment les jeunes.

Cet accès universel et gratuit aux protections d’hygiène menstruelle est le meilleur moyen de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes. Nous appelons donc le Gouvernement à mener une politique plus volontariste et plus globale ne se limitant pas simplement à une mesure déployée dans les universités, mais en accompagnant les collectivités dans le déploiement de dispositifs accessibles à toutes les personnes concernées.


Patrice Bessac


Maire de Montreuil et Président du CCAS de Montreuil



Chaque mois, nous donnons carte blanche à une personnalité libre d’exprimer son “Coup de Sang” autour des règles, de la précarité, des tabous ou d’autres sujets d’indignation. Les propos exprimés sont ceux de leur auteur·rice.



FAIRE UN DON