Notre premier événement dédié à l'éducation menstruelle

le 08.11.2023

Le 11 octobre dernier, à l’occasion de la journée internationale pour le droit des filles nous avons organisé un événement à Paris, à la Cité Audacieuse, pour parler d’éducation menstruelle et se questionner collectivement sur les solutions à mettre en place pour que les règles ne constituent plus un frein à la scolarité des jeunes filles.

Cet événement fait suite à la publication de nos derniers chiffres alarmants qui nous poussent à réclamer urgemment la mise en place de l’éducation menstruelle pour tous·tes !

Nous sommes ravi·es d’avoir pu organiser un premier événement dédié à l’éducation menstruelle, et ravi·es de constater que le sujet intéresse, est porteur, et mobilise des personnes d’horizons différents.

En introduction, nous avions à nos cotés Nina, élève de seconde qui a eu le courage d’apporter son témoignage sur son expérience, et celles de ses amies en tant qu’élèves qui ont leurs règles à l’école : 

“Moi, la majorité de mes amies ont eu leurs règles en primaire, entre 9 et 10 ans. La peur de la tâche est constante : j’essaye de prendre des photos discrètement en cours, pour pas que le prof le voit ou autre… C’est compliqué de passer devant tout le monde avec une serviette à la main. La peur de la tâche va guider notre manière de s’habiller, on va mettre un jean plutôt foncé, ou on va prendre un gilet pour cacher. Certaines filles ont leurs règles à l’école et ont dû utiliser du papier toilette pour se protéger. Les profs vont pas nous laisser sortir parce qu’ils ne comprennent pas et qu’ils ont décidé que c’était comme ça. J’ai des amies qui ont tellement mal qu’elles ont peur de ne pas passer la journée en cours. J’ai une amie qui ne fait qu’une partie de la journée et elle manque des cours, des contrôles et ça freine sa progression scolaire. Le manque de sommeil, quand on a trop mal, quand on a des crampes, on ne peut pas dormir. 3h de sommeil ce n’est pas des conditions pour bien travailler à l’école. Rares sont les profs compréhensifs, et on va les valoriser ceux-là, alors que ça devrait être normal. Tout est moins facile quand on a nos règles, en cours.”

C’est ensuite Annaïck MORVAN, Directrice Régionale Droits des femmes, Ile-de-France qui a pris la parole pour souligner l’importance de parler de ce sujet : “On pourrait dire qu’avec cette enquête vous rentrez dans l’histoire de l’émancipation des femmes et des filles."

Puis Virginie TINLAND, Vice Présidente du Conseil Départemental du Val d’Oise 95, déléguée à l’Education et l’Enseignement Supérieur a apporté son expertise concernant son territoire, le plus jeune d’Ile-de-France avec 65 000 collégien·nes et sur les 112 collèges, 72 sont équipés en distributeurs de protections périodiques. Mais le chemin reste encore long pour la sensibilisation.

Puis nous avons enchainé avec une table ronde passionnante : éducation menstruelle année 0. Avec des personnes d’horizons différents mais toutes engagées et déterminées à faire entrer les règles à l’école.

Tous et toutes nous étions d’accord sur l’importance de la prévention : il y a une nécessité d’informer les jeunes filles sur les questions d’anatomie, de les prévenir et surtout de permettre la compréhension du phénomène afin de mieux accompagner. On constate que il ne suffit pas de seulement d’implémenter des dispositifs (tels que des distributeurs de protections dans les établissements) mais il est important de sensibiliser, que ce soit auprès du corps professoral et éducatif, mais aussi auprès des jeunes. 

La première pierre sur ces sujets, souvent indispensable, provient des adultes, avant que les enfants s’emparent du sujet. La mixité est nécessaire pour travailler et avancer, pour lutter contre les tabous. Les relais sont aussi importants, notamment les personnes concernées et engagées, pour diffuser des messages clairs et concis. 

On s’est posé la question : qu’est-ce que l’éducation menstruelle d’ici 5 ans ? 

Selon nous, c’est la création d’outils interactifs, pour comprendre le fonctionnement du vagin et des menstruations, notamment pour faciliter la compréhension claire et simplifiée, tangible. L’importance du thème de la gratuité, avec un accès gratuit et libre aux protections périodiques partout. L’importance de l’inclusivité, de l’importance des personnes menstruées non-genrées. L’inclusion dans les programmes scolaires mais pas seulement dans les matières scientifiques, il faut faire vivre l’école. 

L’éducation des adultes qui entourent les enfants est primordiale, que ce soit les enseignant·es, assistant·es d’éducation, la vie scolaire ou les parents. 

Il faut sensibiliser le plus tôt possible, afin de faciliter les premières règles.

Avec cette table ronde on constate déjà que le sujet est primordial, qu’on commence concrètement à réfléchir dessus et que chaque personne autour de la table, à son échelle, à participé au développement de l’éducation menstruelle. Il y énormément d’idées et de volonté de chaque côté, maintenant les questions à se poser c’est : comment on se donne les moyens de réaliser des choses ? Comment on généralise ? Comment on groupe toutes ces initiatives individuelles ?

Pour nous, il faut construire un programme bien déterminé, formalisé, avec un accès inconditionnel. Et on travaille dessus !

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