#SANGPROGRAMME : Engagez les candidat·es sur la santé menstruelle !

le 10.03.2022

En 2022, en France, environ 15 000 000 de personnes ont leurs règles. En 2022, en France, les règles et leurs conséquences sur la vie et la santé de millions de femmes restent un impensé et un tabou collectif.

En 2022, en France, aucun·e candidat·e à l’élection présidentielle ne mentionne explicitement les règles ou la santé menstruelle dans son programme. Or, pour changer les règles, on ne peut pas rester #SANGPROGRAMME.

Règles Élémentaires lance donc la tribune #SANGPROGRAMME pour engager les candidat·es sur la santé menstruelle. Signez-là !

#SANGPROGRAMME

Dès le plus jeune âge, on apprend à montrer du doigt ou à cacher les taches de sang sur les pantalons. Même en grandissant, on continue de dissimuler sa serviette hygiénique dans sa manche pour aller aux toilettes. On cache les règles, et de fait, elles deviennent un sujet tabou. Ce n’est donc pas étonnant que 55% des Français·es pensent, aujourd’hui encore, que les règles sont un sujet dont il ne faut pas parler en public.

Or, ne pas parler publiquement des règles a des conséquences directes sur la santé physique et mentale de millions de personnes en France : précarité menstruelle, méconnaissance du fonctionnement des cycles menstruels et de son propre corps, errance médicale, traitements inadaptés, renoncement aux soins, sentiment de honte pendant ses règles. Toutes ces situations découlent directement ou indirectement du tabou des règles.

C’est bien parce que les règles sont taboues, qu’il est aujourd’hui quasiment impossible de trouver des protections périodiques dans un établissement scolaire, une gare, une entreprise, ou même un hôpital, alors même que les règles sont par nature difficilement prévisibles. Les protections sont pourtant des produits de première nécessité, car sans elles, impossible d’étudier, de travailler, de vivre en société. Sans elles, ce sont des milliers de femmes, chaque mois, qui confectionnent des produits de fortune et mettent ainsi leur santé en jeu.

À force de ne pas parler des règles, il aura fallu des dizaines d’années avant de réaliser que, chaque mois, en France, 1 700 000 de femmes souffrent de précarité menstruelle, et doivent choisir entre acheter un paquet de pâtes et un paquet de serviettes hygiéniques. À force de ne pas parler des règles, il aura aussi fallu plus d’un siècle depuis sa découverte pour que l’endométriose soit reconnue comme une maladie à part entière, et que sa nécessité de prise en charge émerge dans le débat public.

Grâce à la mobilisation sans relâche d’associations et de militant·es, des politiques encourageantes se mettent heureusement en place, en France et ailleurs. Des premières expérimentations de mise à disposition de protections ont été faites dans certains collèges et lycées et les campus universitaires doivent désormais disposer d’un distributeur. Des crédits ont également été débloqués au niveau de l’Etat pour permettre aux associations de se procurer des protections pour les femmes qu’elles accompagnent, mais aussi pour faciliter le diagnostic de l’endométriose.

De toute urgence, ces mesures sont à renforcer et à généraliser pour mettre définitivement fin à la précarité menstruelle. Mais il nous semble aussi nécessaire d’aller plus loin et de penser les règles dans toute leur complexité, de la puberté à la ménopause, indolores ou pathologiques, qu’elles durent 3 jours ou 9 jours, car la santé menstruelle est un enjeu majeur de santé publique.

Pour ne pas rester #SANGPROGRAMME, Règles Élémentaires s’associe donc à plusieurs associations et citoyen·nes pour soumettre un programme de santé menstruelle aux candidat·es à l’élection présidentielle. Voici nos recommandations à mettre en place dans la première année du quinquennat :

1- Avoir massivement accès aux protections périodiques en favorisant les protections saines et renouvelables

→ Mettre à disposition gratuitement des protections périodiques pour tous les publics en situation de précarité. Aujourd’hui encore de nombreuses personnes, dont des personnes sans abri, des élèves, des étudiant·es, des travailleur·ses précaires, n’ont pas accès à des protections périodiques.

→ Déployer et garantir la bonne gestion des distributeurs de protections menstruelles dans des lieux publics identifiés, comme les gares, les hôpitaux, les abords des pharmacies ou encore les toilettes publiques.

→ Avoir accès à des sanitaires et des points d’eau gratuits et propres. Il y a de grandes disparités en France dans l’accès aux toilettes entre des villes comme Rennes où on compte 111 toilettes et Strasbourg où on en compte 25.

2- Prévenir les complications physiques et psychiques liées aux règles

→ Rendre transparente la composition des protections périodiques et inscrire clairement les recommandations de prévention du syndrome du choc toxique sur les paquets de protections périodiques. La composition des protections hygiéniques, produits du quotidien et d’intimité de millions de personnes, ne fait aujourd’hui l’objet d’aucune réglementation, alors que de nombreuses études ont montré que l’on y trouve des produits toxiques et des perturbateurs endocriniens.

→ Interdire des substances toxiques (phtalate, dioxine, glyphosate…) et irritantes dans la composition des protections périodiques. À ce jour, il n’y a jamais eu d’études approfondies et transparentes sur l’impact de ces produits pour la santé des femmes et les protections sont moins réglementées que les sparadraps.

→ Rembourser systématiquement les frais de santé liés aux troubles et pathologies des règles.

3- Développer la connaissance autour des règles, sensibiliser et donner accès aux informations sur la santé menstruelle et gynécologique

→ Proposer des cours d’éducation menstruelle, dès le cours moyen, à raison de 2 séances minimum par an et par cycle. Aujourd’hui les règles ne sont qu’un module dans le cours de S.V.T et chaque enseignant décide du temps qu’il passe sur le sujet.

→ Développer dans les territoires les plus isolés des unités mobiles de gynécologie et de santé menstruelle. Certains départements comptent moins de six gynécologues pour 100 000 femmes, selon les chiffres révélés par la direction de la recherche de l’évaluation et des statistiques (DREES 2015)

→ Créer une plateforme en ligne de référence de ressources gratuites dédiée sur le modèle de questionsexualite.fr

→ Développer et financer la recherche dans tous les domaines de la santé gynécologique, y compris ceux qui ne sont pas en relation directe avec la reproduction, et créer un observatoire de la santé sexuelle, gynécologique et menstruelle.

FAIRE UN DON