Le Coup de Sang d'Alexandra Cordebard

le 25.10.2021

Lorsque ma fille était au collège, je me rappelle de l’effarement que j’ai ressenti quand j’ai constaté que l’état des toilettes des jeunes filles était exactement ce que j’avais dû supporter à son âge. Pas de poubelle, impossible de s’y changer, impossible de s’y laver les mains correctement…

Souvenez-vous. Vous êtes une collégienne d’une douzaine d’années, vous découvrez votre corps d’adulte, vous apprenez à connaître son fonctionnement, et ses changements, forcément, vous les appréhendez, dans tous les sens de ce verbe.

Imaginez maintenant que votre collège, là où vous passez l’essentiel de votre temps, vous inculque, en creux, que vous devez savoir camoufler, dissimuler, invisibiliser votre nature de femme. Que tout cela doit être tu, que tout cela doit rester une affaire de femmes, silencieusement, discrètement, presque secrètement.

À l’époque, je me souviens avoir interpellé, d’autant plus férocement qu’elles étaient des femmes et qu’elles faisaient la sourde oreille, les membres de l’équipe pédagogique de ce collège. Et face à leur inaction, j’ai fait comme toutes les mères : j’ai aidé, j’ai informé, j’ai guidé ma fille.

Seulement voilà, désormais ma mission, ce n’est plus seulement être mère, c’est être maire.

Lorsque j’ai été élue, une de mes premières décisions a été d’équiper toutes les toilettes des filles des collèges du 10e arrondissement de distributeurs de protections hygiéniques bios et gratuites. Avec des associations de lutte contre la précarité menstruelle, nous nous sommes battues. Et nous continuons, de sorte à ce que, prochainement, tous les équipements publics disposent du même confort élémentaire.

Lorsque c’était nécessaire, j’ai entamé un dialogue avec les principaux des collèges. Parce que cette colère que j’ai ressentie en tant que mère de famille, j’ai voulu la transmettre aux jeunes femmes de mon arrondissement


Alexandra Cordebard


Maire du 10ᵉ arrondissement

(Crédit photo : Mathieu Delmestre)


Chaque mois, nous donnons carte blanche à une personnalité libre d’exprimer son “Coup de Sang” autour des règles, de la précarité, des tabous ou d’autres sujets d’indignation. Les propos exprimés sont ceux de leur auteur·rice.



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